Récits voyageurs

Akbou et ses environs en 1885

Akbou, à sa création, s’appelait Metz.

Lorsqu’on descend la belle vallée du Sahel, Metz apparaît de loin, étage sur le penchant d’une colline qui domine le cours du fleuve. C’est un grand village dont l’origine ne remonte pas au delà de 1872, et qui comptait en 1881 643 habitants. La population doit avoir augmenté depuis lors. Il sert de chef-lieu à la commune mixte d’Akbou, organisée le 1er janvier 1881.

Ce n’est que depuis l’insurrection de 1871 que la colonisation a débuté dans cette vallée. Les terres séquestrées aux tribus révoltées ont été distribuées aux colons et ont servi à créer les centres de Tazmalt, de Metz, de Seddouck, de Sidi-Aïch et de Bitche (El-Kseur). A côté des cultivateurs implantés par l’État, quelques colons libres se sont établis.

[…] La grande route a pris fin au col ; le tronçon qui gravit ce versant est encore inachevé. Nous traversons des villages kabyles perdus au milieu d’énormes oliviers. Aux alentours, nous voyons des meules à olives et des presses à huile fort primitives, composées d’un simple pas de vis en bois mis en mouvement par des barres transversales comme le cabestan d’un navire. Partout les femmes sont au travail avec leur étrange bonnet rouge et noir, leur robe blanche et leur ceinture rouge. Quelques-unes, la robe relevée entre les jambes, foulent les olives avec leurs pieds pour en faire sortir l’huile. Des hommes labourent leurs champs avec des attelages de bœufs.

Enfin, voici la plaine. Du petit village de Tazmalt, de création récente, mais déjà florissant avec sa population de 257 habitants européens, nous nous dirigeons sur Metz, autrement dit Akbou, en suivant le cours tortueux et paresseux du Sahel. Les montagnes qui forment la ceinture orientale de la vallée sont admirables, autant par l’étrangeté de leurs formes que par la richesse et la variété de leurs tons, qui feraient le bonheur d’un aquarelliste.

Ernest Fallot, 20 août 1885

Article précédemment publie en août 2005.

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