Mythologie

Augures, dans la mythologie gréco-romaine

Les augures – Les oracles 

Les augures étaient les interprètes des volontés de Jupiter, maître des signes ; il n’était pas question de partir à la guerre, de choisir l’emplacement d’un temple, de désigner un homme pour une fonction politique ou religieuse sans savoir si cela agréait aux dieux ; à la différence de la Sibylle, les augures ne prédisaient pas l’avenir, ils ne faisaient que consulter les dieux pour dire ce qui était fas et ce qui était nefas, autrement dit ce qui était autorisé ou interdit.

L’augure, divination qui consistait dans l’observation du chant et du vol des oiseaux, et de la manière dont ils mangeaient, s’étendit ensuite à l’interprétation des météores et des phénomènes célestes. À Rome, les ministres officiellement préposés à cette divination portaient aussi le nom d’augures.

Pour procéder à cette consultation, l’augure prenait son « lituus », un bâton recourbé ne présentant aucun nœud, et traçait dans le ciel, et, plus tard, sur le sol, le « templum », c’est-à-dire le périmètre sacré à l’intérieur duquel il entrerait en relation avec Jupiter : cette opération était « l’inauguratio » ; à l’intérieur de ce périmètre, l’augure traçait ensuite une ligne nord-sud et une ligne est-ouest ; il se plaçait à leur intersection, tourné vers l’est, tandis que celui qui le consultait se tournait vers le sud.

Romulus et Remus, en désaccord sur le lieu de fondation de leur ville, guettèrent ainsi les auspices, chacun sur la colline qu’il avait choisie. Remus, sur l’Aventin, fut le premier à voir six vautours mais Romulus, peu de temps après, en compta douze. C’est ainsi qu’il sut que le Palatin, qu’il avait choisi, était agréé par les dieux.

Le collège des augures, institué, dit-on, par Romulus, fut d’abord composé de trois, puis de quatre et enfin de neuf membres dont quatre patriciens et cinq plébéiens. Ces ministres étaient en grande considération ; une loi des Douze Tables défendait même, sous peine de mort, de désobéir aux augures.

On n’entreprenait aucune affaire importante sans les consulter. Cependant il paraît que, vers la fin de la république, leur autorité était un peu tombée dans le discrédit, et les Romains éclairés disaient sans doute, avec Cicéron, qu’ils ne concevaient pas comment un augure pouvait en regarder un autre sans rire.

La science augurale se trouvait contenue dans des livres que les devins étaient obligés d’apprendre ou de consulter. Cette science se réduisait à douze chefs ou articles principaux, conformément aux douze signes du zodiaque.

Prendre les auspices, c’était spécialement observer les oiseaux. Cette observation était astreinte à des formalités religieuses, et, s’il s’agissait d’une affaire d’État, elle ne devait être faite que par un augure qualifié. Celui-ci, en présence des magistrats, élevait sa baguette divinatoire, et, avec elle, traçait dans le ciel un cercle imaginaire, déterminant ainsi l’espace et le délai dans lesquels les signes devaient être observés. Si l’augure était favorable, l’affaire était entreprise sans hésitation ; s’il était défavorable, elle était ajournée jusqu’au moment jugé propice par un nouvel augure. On vit plus d’une fois les armées sortir de Rome pour se mettre en campagne et revenir sur leurs pas, sous prétexte de prendre de nouveaux auspices.

Le mot « auspices » vient en effet de « avis » (« oiseau ») et « spicere » (« regarder ») : si le vol passait à droite de l’observateur (dexter), les dieux étaient favorables, s’il passait à sa gauche, « sinister » (qui a donné notre mot « sinistre »), les dieux étaient défavorables. Il y avait deux sortes d’auspices, ceux que l’on sollicitait avec l’augure étaient dits « imperativa », ceux qui s’offraient d’eux-mêmes, » oblaticia ».

Afin que le chef d’une armée eût toujours à sa disposition les moyens de consulter les dieux par l’entremise des oiseaux, il se faisait accompagner d’augures portant dans des cages les poulets sacrés. Ces augures appelés « pullaires » avaient pour unique fonction de nourrir cette volaille, et de l’observer à toute heure du jour.

La foi dans les augures soutenait le courage du soldat romain, et le mépris des auspices était, à ses yeux, un signe certain d’une défaite. Durant la première guerre punique, le consul Appius Claudius Pulcher étant sur le point d’engager sur mer une bataille contre la flotte carthaginoise, prit d’abord les auspices. Le pullaire vint lui annoncer que les poulets sacrés refusaient de sortir de leur cage et même de manger :
— « Eh bien ! reprit le consul, qu’on les jette à la mer : au moins ils boiront. »
Cette parole répétée aux soldats superstitieux abattit leur courage, et l’armée subit un désastre.

Ce qui ajoutait à la considération dont jouissaient les augures, c’est que, indépendamment de leur science qui les éclairait sur beaucoup de choses, ils étaient parfois admirablement servis par le hasard : témoin Accius Navius. Cet augure vivait du temps de Tarquin l’Ancien. Il s’opposa au dessein de ce prince qui voulait augmenter le nombre des centuries de chevaliers, prétendant qu’il ne le pouvait sans être autorisé par les augures. Le roi, blessé de cette opposition, et voulant l’humilier, lui proposa de deviner si ce qu’il pensait dans le moment pouvait s’exécuter.
— « Cela se peut faire », lui dit Accius Navius.
— « Or, reprit Tarquin, je me demandais si je pourrais couper cette pierre à aiguiser avec un rasoir. »
— « Vous le pouvez donc », répondit l’augure.

Sur le champ, la chose fut faite, et les Romains, frappés d’admiration, érigèrent une statue à Accius Navius.

On donnait le nom d’aruspices aux ministres chargés spécialement d’examiner les entrailles des victimes pour en tirer des présages. Ils étaient, en général, choisis dans les meilleures familles de Rome.

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