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Châmba, Touareg et troupeaux par Édouard Cat

Ah les auteurs du XIXe siècle ! quel regard bienveillant ils avaient sur les peuples d’Afrique un extrait de texte, sur les Châmba. L’auteur de ce texte était docteur ès-lettres, professeur de géographie de l’Afrique à l’école des lettres d’Alger. Il connaissait donc la signification des mots qu’il a utilisés.

Maintenant que les Châmba sont soumis, et que cent de nos tirailleurs indigènes montés à méhari montent la garde à El-Goléa, le voyage est tout à fait sans dangers, mais non pas sans fatigues. Quand un Châmba vient au monde, le père fait brûler de la poudre, afin que les poumons, en commençant à fonctionner, s’emplissent de l’air qui convient aux guerriers. Dès les premières années, l’enfant est initié aux fatigues, aux dangers, aux ruses de la guerre. Aussi les Châmba sont-ils redoutés de leurs voisins. En 1835, les Oulad-Ba-Hamou d’In-Salah leur ayant enlevé des troupeaux et tué deux hommes, ils razzièrent tout le district de leurs agresseurs, enlevèrent en diverses expéditions neuf cents chameaux, plusieurs milliers de moutons, des troupeaux d’ânes et de nègres, et pendant trois années ne laissèrent pas un instant de repos aux gens du Tidikelt. En 1875, des Brabers leur ayant enlevé des troupeaux, ils partirent au nombre de deux cents cavaliers à méhari et quelques chevaux, et, à plus de 1.000 kilomètres de là, sur les bords de l’Oued-Saoura, au Maroc, allèrent razzier leurs ennemis. Au mois d’août 1887, un rezzou de Touareg-Taïtok, ayant pris deux cents chameaux des Châmba, au sud-est d’El-Goléa, le caïd de cette tribu réunit à la hâte ses cavaliers, se porta vers Hassi-Inifel, où il atteignit le rezzou ; dans la bataille qui se livra près du puits, les Châmba tuèrent aux Touareg vingt-cinq hommes et firent sept prisonniers ; ce sont ceux qu’on a vus naguère à Alger.

Édouard Cat, A travers le Désert, (1856-1903).

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