Récits voyageurs

Fort National se composait de 832 habitants en 1884

Fort National est bâti sur un mamelon que les remparts enveloppent de leur ceinture. Plus des trois quarts de l’espace circonscrit est occupé par les casernes et autres établissements militaires. Deux ou trois rues superposées remplissent le terrain resté libre. C’est là qu’habite la population civile, qui ne compte que huit cent trente-deux habitants. À part les fonctionnaires, elle ne se compose que d’aubergistes et de quelques commerçants.

Le colon proprement dit n’existe pas à Fort National

Seuls les habitants qui ont subi le siège ont reçu en cadeau, du gouvernement, quelques hectares séquestrés aux rebelles. Mais l’agriculture européenne ne semble pas appelée à se développer sur ces hauteurs. La qualité médiocre du terrain et son prix élevé, conséquence naturelle du régime de la propriété individuelle, le seul connu en Kabylie, et de la densité considérable de la population, s’opposeront toujours au succès du colon.

C’est dans la plaine kabyle, sur les bords du Sébaou, et peut-être de son affluent, l’oued Aïssi, dans le bas de son cours, que la colonisation trouvera de l’espace. Elle y est déjà installée et s’y implante chaque jour davantage.

La région de Fort-National et du Djurdjura ne peut offrir autre chose aux Français qu’un terrain commercial à exploiter.

Depuis longtemps déjà quelques négociants hardis se sont établis au milieu des Kabyles, et leur achètent leur huile et leurs olives. Les résidus des moulins, que les indigènes jetaient autrefois sans en tirer aucun parti, sont devenus l’objet d’un commerce lucratif ; traités par les procédés perfectionnés connus en Europe, ils produisent encore une certaine quantité d’huile que l’on obtient ainsi à bas prix. Ces transactions sont susceptibles de se développer dans de larges proportions, par suite de l’augmentation toujours croissante de la population et du bien-être que le maintien de la paix et la facilité des communications tendent à introduire chez ce peuple.

Ernest Fallot, Fort-National, 16 mars 1884

Précédemment mis en ligne en novembre 2005.

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