Histoire

Intellectuels musulmans et colonisation française

Discours pour la commémoration du centenaire de la colonisation de l’Algérie. M. Beleadj professeur à la Médersa, prend la parole au nom des intellectuels musulmans.

Monsieur le Gouverneur Général,

« Au cours de cette année mémorable du Centenaire, nous avons assisté à de magnifiques et impressionnantes manifestations, dont le souvenir restera toujours gravé dans nos cœurs et dont le retentissement a dépassé les frontières du territoire de la République.

« Toute la population algérienne, ainsi que de nombreux hôtes métropolitains ont éprouvé, en maintes occasions, la joie profonde de communier dans les mêmes sentiments, les mêmes pensées, le même idéal patriotique. Cependant, la cérémonie d’aujourd’hui est le symbole le plus caractéristique, la plus émouvante des cérémonies qu’il nous a été donné de voir.

« Elle constitue, en effet, une sorte d’apothéose, le clou, comme on dit couramment, des fêtes qui se sont déroulées depuis six mois. N’est-elle pas la célébration de l’union profonde des Français et des Indigènes, lesquels ne forment plus qu’un seul et unique peuple vivant dans la paix et la concorde, à l’ombre du même drapeau et dans le même culte d’amour pour la Mère-Patrie.

« Il y a aujourd’hui cent années, le 14 juin 1830, qu’en cette petite presqu’île de Sidi-Ferruch, débarquèrent les troupes françaises et ce, par la force des choses qui veut que, pour faire régner la paix entre les hommes, faut souvent recourir à la force armée.

« Car la France n’est pas venue en Algérie dans un but de guerre dans un but d’extermination, mais bien dans celui de faire cesser l’anarchie en ce pays et de provoquer son développement matériel et moral.

« L’état de prospérité actuel de l’Algérie résultant d’une constante et vigilante action de civilisation, le rapprochement qui s’est opéré entre les deux éléments de la population et la cérémonie qui nous réunit en ce moment français et indigènes de toutes classes et de toutes conditions sont des preuves éclatantes de l’œuvre généreuse de la France.

« Le 14 juin 1830, de Sidi-Ferruch partit, dans ce même ciel qui resplendit à nos yeux le carillon joyeux d’une nouvelle aurore s’élevant sur l’avenir de ce pays et balayant les ténèbres de la tyrannie et de la barbarie ».

« Certes, l’installation de la France en Algérie eut, à ses débuts des jours pénibles du fait que nos aïeux, qui envisageaient les choses sous un point de vue simpliste, ignoraient les bienfaits que leur réservait à eux et à leurs descendants, l’œuvre de progrès que ta France venait entreprendre ici. Mais ces jours sont effacés de notre mémoire et « ces noirs hiers n’ont pas mangé nos beaux demains ».

« Aussi bien, en ce jour d’allégresse générale, oublions le passé ténébreux et savourons avec joie notre présent si beau en regardant avec confiance l’avenir plus beau encore.

« Et nous tous qui sommes ici, glorifions l’esprit généreux de notre patrie, louons sans réserve les hommes auxquels est confiée la lourde et noble tâche de nous diriger.

« Que nos cœurs battent à l’unisson et que de nos lèvres montent vers le ciel pur le cri fervent de :

« Vive la France éternelle ! Vive l’Algérie ».

Mis précédemment en ligne en septembre 2005

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