Chronique

J’accuse !

Le mal des Kabyles ne vient pas que du gouvernement algérien, le mal leur vient aussi de leurs politiciens. Ces fourbes gens qui ne cessent de les manipuler, souvent en miroitant des pseudos-menaces qui viendraient, selon eux, de l’extérieure : d’Arabie saoudite, du Qatar ou de la Turquie, etc.

Les vraies menaces, elles sont bel et bien à l’intérieur du peuple : l’intolérance, l’ignorance, l’inculture, le tribalisme et l’archaïsme. Vous savez, quand des taddart se révoltent pour empêcher la construction d’hôpitaux ou de complexes touristiques par crainte de ivaraniyen, croyez-moi que ce n’est pas une manipulation du Qatar ou de Tebboun.

Les Kabyles suivent aveuglement une “élite” bourgeoise usurpatrice, qui se la coule douce sur l’autre rive de la Méditerrané. Ce n’est pas pour jouer au communiste, mais les bourgeois ne défendent généralement jamais les intérêts du petit peuple. Ils sont toujours les escort-girls du système et de l’oligarchie. Vous savez, si certains d’entre eux se sont dressés autrefois contre les islamistes, ce n’est pas par conviction politique ou idéologique, mais par peur de voir s’installer en Algérie un autre “système”, une autre force politique qui les priverait de leurs différents privilèges. La preuve, qu’ont-ils fait depuis contre l’islamisme ? Pire que de n’avoir rien fait, ils se sont attablés avec eux, ils leur ont serré la main et fait la bise. En termes de communication politique, c’est très grave : c’est là normalisation et banalisation du Terroriste. Une insulte à toutes les âmes égorgées.

Imaginez-vous Lwanas serrer la main d’un terroriste ? Non. Lui, il avait des convictions et des principes.

Bien des pays possèdent des résistants ayant fui leur pays, car ils n’avaient guère le choix face à l’imminence de la mort. Les nôtres, laissez-moi rire, ils n’ont pas fui. Ils ont tout simplement plié bagages pour aller vivre dans des pays meilleurs, mais se disent « résistants, opposants et patriotes », l’opposition-Potemkine, le patriotisme hors-sol. Ils se pavanent à Paris, Montréal, Genève, participent parfois au festival de Cannes, mais poussent les Kabyles à mener une vie moyenâgeuse faite de qermud, de Kanoun et d’ânes.

Des politicards qui se prennent pour des intellectuels, mais où est donc leur intellect ? Des charlatans qui n’ont que le mot « démocratie » à la bouche, trompant consciemment leur peuple, lui faisant croire que la démocratie est une sorte de remède qui pourrait résoudre tous les problèmes du pays, comme par magie. Une farce. Ils ne sont pas des pécores, ils ont de la matière grise dans leur cervelle, ils savent très bien que la démocratie n’est que le dictat de la majorité, et connaissant la société algérienne, ils savent que donner la démocratie à ce peuple reviendrait à ouvrir la boite de pandore. « Démocratie », ce n’est qu’un leurre, un appât qu’ils utilisent pour vendre du rêve et de l’espoir à leurs partisans. Dalleurs, ils ont combattu cette même démocratie en 1992. Le plus triste est qu’ils caressent le peuple dans le sens de sa médiocrité, lui faisant croire que son inconscience politique est une conscience politique, lui inculquant la culture du boycotte, une stupidité qui l’a souvent empêché de choisir son destin politique. Ils ont appris au peuple à fuir un “cauchemar”, sans jamais courir derrière un rêve.

Les charlatans se permettent de s’ériger en sauveurs, alors qu’ils n’ont jamais diagnostiqué les maux de leur société. Écoutez leurs discours, ce n’est que amas de poésies et de jactances insipides. Ils parlent, mais ne disent rien. Ils parlent de “menaces”, mais ils ne les expliquent pas. Écoutez-les brailler. Rien de réel ou de concret ne sort de leur bouche. Ils n’ont ni études, ni chiffres, ni statistiques. Ils n’ont aucune donnée relative aux malheurs de leur peuple. Ils ne font que fabuler et blablater.

La société, il faut la diagnostiquer pour lui trouver une thérapeutique juste. L’action politique devrait être un remède à un mal constaté, diagnostiqué et étudié. Prenons l’exemple des mosquées qui se multiplient comme des champignons en terre kabyle. Nos politicards affirment que c’est la main de l’Arabie saoudite. Une fable. Il ne suffit que de mener une petite étude sur le terrain pour comprendre que ces dernières sont construites par les villageois, souvent un don de la part du riche du village afin de s’acheter une bonne conscience. Du coup, ce n’est pas les traces d’Arabie saoudite qu’il faut chercher à la loupe, mais les esprits des Kabyles qu’il faut nettoyer de l’islamisme à base de communication et sensibilisation. Nos politicards font-ils cela ? Non. Idem en ce qui concerne le manque d’investissements et d’infrastructures, il faut mener des études sur le terrain pour cerner les choses. Il est vrai que l’Algérie bloque des projets, mais pas tous les projets. Énormément de projets sont mis à l’arrêt à cause de conflits tribalistes liés à des oliviers ou à des lopins de terre, sans oublier ces budgets que reçoivent les administrations kabyles, mais qui, bien souvent, retournent à la source. Il faut se demander pourquoi…. Bref !

Chaque jour, notre société est traversée par des faits et drames qui suscitent des réactions politiques. Ces politicards prennent-ils la parole pour dénoncer ou apporter des solutions ? Non. Crimes d’honneur, harcèlement, tribalisme…etc. Pourquoi ne réagissent-ils pas ? Admirez, par exemple, les politiciens français, ils régissent et communiquent au moindre fait divers.

Il y a quelques semaines, une tribu kabyle a honteusement décrété l’interdit du port du débardeur et du short. Où sont nos politiciens ? Pourquoi n’ont-ils pas également soutenu les jeunes victimes de lynchages suite au fameux reportage de France 5 ? Ont-ils pris un jour explicitement position en faveur des droits de la femme ? Est-ce qu’ils ont osé un jour dire que la femme est un être HUMAIN libre et non pas une propriété de la tribu ? Non.

Où sont-ils ces politiciens tant aimés par certains égarés ?

Ils sont à Paris ou à Marseille.

Tout ce qu’ils savent dire c’est « nous sommes les gentils, les autres sont les méchants » et leurrer les Kabyles avec leur chansonnette sur la “démocratie”, sans jamais, mais jamais nous dresser un portrait de cette Algérie ou Kabylie qu’ils “rêveraient” de voir naître…

Le plus dégoutant, c’est qu’ils maintiennent le peuple dans l’ignorance. Nous avons tous vu monsieur se prendre un Big Mac en plein mois de ramadan à Marseille… le même individu qui, en Kabylie, inaugure une mosquée et dit à la populace : « il n’y a rien de plus important que la religion de vos ancêtres ». Une phrase mensongère destinée à tromper les siens. Espèce d’uccay, il ne faut pas occulter l’Histoire, nos ancêtres étaient des païens, de braves guerriers ayant été islamisés de force après que notre reine Dyhia ait perdu la guerre contre les sanguinaires conquérants venus de l’Arabie. Des milliers de femmes et d’hommes berbères ont transités, esclaves enchaînés, dans des caravanes vers l’Arabie. Vae Victis. Tout cela, tu le sais. Mais tu ne le diras jamais à ton peuple, car tu veux qu’il s’éternise dans son sommeil.

Les peuples parcourent un long chemin avant de devenir des nations. Un chemin fait de conscientisation, d’éducation, de civilisation et d’unification. La grandeur d’une nation, elle ne tombe pas du ciel, elle grandit parmi le peuple.

Le premier pas à faire, c’est se libérer des fossoyeurs.

Djeff Khenane

PS : Je ne reproche pas aux gens d’avoir quitté le pays. C’est compréhensible. Je les vois comme des civils qui fuient une guerre. Moi, je reproche à ces placards –que je vois comme des généraux– d’avoir déserté le front, alors qu’ils sont payés pour faire la guerre et résister.

Merci de respecter notre travail.