Tribune libre

Le Canada claque la porte aux Autochtones

Avec la fin des travaux parlementaires à Ottawa le 21 juin, plusieurs projets de loi sont mort-nés dont certains au Sénat. Parmi les grands perdants, cette fois dans ce rite parlementaire annuel, on retrouve les Autochtones et la reconnaissance de leurs droits. Les sénateurs ont tout simplement enterré un projet de loi qui proposait que les lois fédérales respectent la position des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Pour mieux comprendre l’importance de ce rejet par le Parlement canadien, il faut remonter dans le temps. 

En 2007, après 25 ans de travaux, les Nations unies ont adopté la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Seulement quatre pays – le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis – ont honteusement refusé d’appuyer la Déclaration.
Ça a pris trois ans avant que le gouvernement canadien en 2010 n’appuie sans enthousiasme la Déclaration.
Mais ce n’est pas tout, le Canada devait mettre en œuvre les différentes composantes de la Déclaration pour faire avancer les droits économiques, sociaux, culturels, politiques, civils, spirituels et environnementaux des Autochtones.

C’est sans surprise qu’il fallait attendre 2017 pour que le gouvernement fédéral crée un groupe de travail pour analyser les lois et les politiques s’appliquant aux Autochtones et pour recommander les changements nécessaires.
Fait intéressant, le groupe de travail était présidé par la ministre de la Justice et procureure générale du Canada, Jody Wilson-Raybould.

Devant la lenteur des actions fédérales, le député autochtone Roméo Saganash, qui lui-même avait participé pendant plus de deux décennies aux travaux des Nations unies menant à l’élaboration de la Déclaration, avait déposé un projet de loi en 2016 pour s’assurer que toutes les lois canadiennes respectent la Déclaration des Nations unies.
C’est ce projet de loi qui, trois ans plus tard, passe à la déchiqueteuse.

Après huit ans comme député, Roméo Saganash, qui a représenté la circonscription québécoise d’Abitibi – Baie-James – Nunavik – Eeyou et qui s’exprimait en cri au Parlement, quitte Ottawa et retourne à son territoire.
Il a vu adopter un projet de loi sur la protection des langues autochtones, mais encore une fois, quand ça comptait vraiment, le Canada a claqué la porte aux Autochtones.
Devant l’urgence et l’immensité des besoins auxquels font face les Nations autochtones du Québec, et devant le manque de volonté politique quasi totale de la part d’un Canada encore colonialiste, il serait utile de réfléchir aux paroles de Roméo Saganash citées dans le livre, Le centre du monde : « Il n’y a jamais eu de pays constitué avec la participation des Autochtones. La souveraineté du Québec pourrait en être l’occasion ! »
La Conquête a mené à la Loi sur les Indiens, une loi fédérale qui s’applique encore.
La Nouvelle-France et le Québec ont eu des relations qualitativement différentes avec les peuples autochtones.
Déjà en 1985, le gouvernement de René Lévesque a fait adopter par l’Assemblée nationale une motion sur la reconnaissance des droits des Nations autochtones.
Il est maintenant temps de faire une alliance entre le Québec et ces Nations autochtones pour préparer l’accession du Québec à l’indépendance.

Bernard Taylor, président de la Table régionale des OUI Québec de l’Outaouais, 2 juillet 2019

OUI QUÉBEC, milite pour favoriser l’engagement des Québécoises et Québécois de son territoire à la réalisation de l’indépendance du Québec.

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