Islam

Les islamistes et les femmes

Hélios d’Alexandrie traite de la vision islamiste du sexe des femmes dans le contexte de l’histoire du mouvement féministe en Égypte et du récent prêche d’un imam très connu dans ce pays, l’imam al Houieini, expliquant pourquoi la femme doit couvrir son visage. Le prêche est reproduit sur le site elaph.com, qui contient également une vidéo (en arabe). 

Vers une République islamique des Interdictions

Les islamistes, particulièrement les plus “sincères” d’entre eux, sont convaincus d’avoir le vent dans les voiles. Enhardis par leurs succès électoraux en Égypte ils laissent tomber la taqqia qui les a si bien servis et s’en donnent à cœur joie. La surenchère est de mise entre les imams salafistes et les gros bonnets du parti salafiste el Nour (le parti de la lumière) ; ils prônent à l’unisson un retour pur et simple à l’obscurité des temps primordiaux de l’islam. Les caciques du parti se frottent les mains et préparent un menu législatif de leur cru qui fera de l’Égypte la République Islamique des Interdictions :

  • interdiction de produire, de vendre et de consommer de l’alcool,
  • interdiction pour les femmes de circuler le visage découvert (le niqab sera obligatoire),
  • interdiction pour les femmes de porter des hauts talons (même sous le niqab) pour ne pas exciter la concupiscence des mâles,
  • interdiction pour un couple de se tenir par la main en public,
  • interdiction de publier et de vendre les œuvres littéraires de Naguib Mahfouz (prix Nobel de la littérature) ; ses écrits font de lui un apostat de l’islam (Mahfouz ne sera pas seul longtemps et il est à prévoir que tous les auteurs égyptiens lui tiendront bientôt compagnie),
  • interdiction pour les touristes de sexe féminin de porter le bikini,
  • interdiction de la mixité dans les piscines pour les touristes.

La précédente liste n’est pas exhaustive, on ne saurait penser à tout mais on compte sur le zèle des militants et de ceux qui feront respecter ces interdictions pour colmater les éventuelles brèches que ne manqueront pas d’ouvrir les ennemis de l’islam.

Le féminisme égyptien et le visage de la femme dans l’islam

Les imams salafistes, eux, ont un gros problème avec le féminisme égyptien et pour cause : le mouvement féministe est né il y a plus de cent ans et c’est curieusement une femme voilée du nom de Hoda Chaaraoui (née Hoda Mohamed Soltan) qui a fondé ce mouvement. De retour de France où elle avait complété sa formation académique, Hoda a enlevé le voile qui lui couvrait le visage au moment où elle était accueillie par son père au port d’Alexandrie.

Son geste a fait sensation, il a en même temps frappé l’imagination des femmes et surtout celle des hommes, à tel point que dix ans plus tard on ne rencontrait que très peu de femmes voilées en public. Le voile a été relégué à la poubelle des coutumes, il est devenu le symbole de l’ignorance, de l’obscurantisme et de l’asservissement des femmes. En se débarrassant du voile, les Égyptiennes ont réclamé de nouveaux droits : le droit à l’instruction, le droit à la protection contre les abus de la charia dans le champ matrimonial : restrictions sur la liberté de se déplacer, polygamie, divorce abusif, violence conjugale etc. Le droit de vote est arrivé plus tard et il s’est accompagné du droit de se porter candidate pour un poste électif. Le succès de Hoda Chaaraoui et du féminisme était tel, que durant les années trente et quarante, les épouses et les filles de l’imam d’al Azhar, comme celles des dirigeants du parti des frères musulmans, sortaient tête nue, allaient fréquemment chez le coiffeur et arboraient des toilettes à l’occidentale !

On comprend pourquoi les imams salafistes veulent « régler leurs comptes » avec le féminisme en général et avec Hoda Chaaraoui en particulier, cet épisode édifiant de l’histoire de l’Égypte moderne pèse lourd sur leur estomac. En effet, le rejet du voile par la population égyptienne au début et au milieu du vingtième siècle équivaut pour eux au rejet de l’islam, donc à l’apostasie ; si on suit leur raisonnement, l’Égypte au complet a renié l’islam et on en vient à la conclusion logique que c’est par le rejet de l’islam que l’Égypte a réussi à sortir de l’arriération. Cette équation islam = arriération est difficile à admettre pour les islamistes, d’où leur besoin de démolir l’image de Hoda Chaaraoui et de stigmatiser à jamais l’élan que cette femme a donné à l’Égypte à travers le mouvement féministe qu’elle a incarné.

Comment démolir l’image de Hoda Chaaraoui sans parler de la lutte qu’elle a menée pour la dignité des femmes et pour tirer l’Égypte de l’arriération ? À cette question difficile l’imam salafiste Abou Ishaq al Houeini a voulu répondre dans un prêche adressé récemment à des militants. Malheureusement pour lui, son discours a été filmé et par la suite diffusé partout via internet, Facebook, Twitter et Youtube. L’imam al Houieini y est allé de sa description des évènements entourant le geste historique de Hoda Chaaraoui quand elle a enlevé son voile publiquement en présence de son père. L’imam prétend que son père, qui occupait la haute fonction de président de la chambre des députés (l’Assemblée nationale), a été catastrophé par son geste :

« imaginez une femme qui découvre son visage en public, quelle catastrophe, pensez-y un instant, le visage de la femme c’est comme sa vulve ! »

Entendre par là : le geste de Hoda Chaaraoui c’est de la grossière indécence, que les musulmans et les musulmanes se le tiennent pour dit, Hoda Chaaraoui est une impudique, dans le langage des islamistes c’est une pute et vlan !

L’imam al Houeini croyait frapper un grand coup, mal lui en prit car la réaction des gens n’a pas tardé à se manifester. Le public a retenu l’équation de l’imam : le visage de la femme = sa vulve. Les niqabées ont été les premières à se sentir humiliées par l’équation, les pauvres elles ignoraient que leur visage était une partie honteuse, jusque-là l’endoctrinement islamique les avait convaincues qu’en se cachant derrière le niqab elles obéissaient à Allah et se rapprochaient de lui. Du coup le niqab, par la vertu de la rhétorique salafiste, a retrouvé sa fonction originelle. Pauvre niqab, d’instrument de libération de la femme il se trouve ravalé au rang de culotte ou de cache-sexe !

Mécontents du message, des millions de musulmans continuent de tirer sur le messager, pourtant l’imam al Houeini n’a fait que mentionner une évidence. Sa tentative de démolir Hoda Chaaraoui s’est retournée contre lui et bien entendu contre le salafisme. Les militants salafistes cherchant à le disculper se sont empressés de prendre sa défense mais ils ont aggravé son cas et se sont discrédités par la même occasion. D’après l’expression égyptienne bien connue, ils ont « crevé l’œil de la mariée en la maquillant ». Selon eux, il ne s’agit que d’une comparaison dont le but est d’inciter les femmes à la pudeur, il ne s’agit pas d’un article de la charia à prendre à la lettre, d’ailleurs ce discours ne s’adresse pas au commun des mortels mais uniquement à un public averti. Chassez la taqqia elle revient au galop !

La paix et l’harmonie dans la société islamique

Le programme politique des salafistes et le discours de l’imam al Houeini sont un indice qui ne trompe pas des priorités que se sont donnés les islamistes dans le domaine social. Le nœud du problème c’est le sexe des femmes, il est source de conflit et de désordre. La paix sociale ne peut être réalisée sans que l’on assigne au sexe des femmes les limites fixées par le coran et la charia.

La leçon que nos braves féministes de la Fédération des femmes du Québec ont à tirer de cet évènement en est une d’humilité. Elles se sont laissé mener en bateau par les militantes islamistes d’ici à propos du hijab et du niqab dont le rôle et la signification concrète se trouvent exprimés franchement par l’imam al Houeini. Le voile islamique est un cache-sexe, la femme musulmane est condamnée pour l’éternité à avoir honte de montrer son visage ; cette honte qu’elle doit ressentir à chaque instant de sa vie est garante de la paix et de l’harmonie dans la société.

Hélios d’Alexandrie, 15 décembre 2011

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