Société

Où va la Kabylie ?

Elle est en proie à de multiples transformations sociologiques lui faisant perdre ses coutumes

La Kabylie vit à un rythme soutenu de transformations sociologiques menaçant même ses traditions et coutumes. Entre évolution à l’occidentale et conservatisme oriental, la région se perd et ne sait plus où donner de la tête.

La Kabylie a adopté un mode de vie qui n’était pas sien. Le vent du changement qui n’arrête pas de souffler sur elle, a emporté plusieurs de ses valeurs ancestrales qui faisaient sa fierté dans un passé récent. La parabole et les nouvelles technologies ont fini par influencer le comportement individuel et collectif de la région. Où sont la robe et le bijou kabyles dans les tenues vestimentaires de la femme kabyle ?

Ces habits que portaient fièrement les Aldjia, Drifa, Fadhna, Taous… ne sont plus du goût des Lina, Sabrina, Sadjia et Melissa, parmi les prénoms de femmes en vogue ces dernières années.

Heureusement, qu’il y a les festivals que le mouvement associatif a ressuscités, sinon on aurait peut-être, rien gardé de ces us et coutumes. Le festival de la poterie, celui du tapis, du bijou… ont le mérite d’avoir préservé jalousement ce véritable trésor kabyle.

Que reproche-t-on donc à ces coutumes pour les ignorer de la sorte. La robe kabyle, le burnous, le bijou local…, on les arbore qu’à l’occasion des fêtes.

L’été qui est, en Kabylie, une saison de fêtes familiales plus qu’autre chose, constitue ainsi une opportunité pour la robe kabyle. Le restant de l’année, on lui préfère les autres habits “made in”. Force est de constater, en outre, que la Kabylie est devenue une proie de plusieurs phénomènes sociaux qui lui sont étranges.

Le banditisme, la consommation de l’alcool et de la drogue et la prostitution sont, en effet, autant de fléaux qui ont fait leur entrée dans la région. Le suicide qui y fait des ravages n’était pas connu ni à Tizi, ni à Béjaïa et Bouira. Plus d’un estime que cet état des choses est la conséquence de l’influence de la parabole et autres moyens technologiques. Bien entendu le chômage auquel est soumis la jeunesse en particulier, est une des causes principales de l’infiltration de ces phénomènes, mais toujours est-il que certains autres paramètres ont grandement contribué à ce que certains qualifient “d’invasion socioculturelle.” D’aucuns estiment que l’évolution technologique, se traduisant par l’abondance des voies de communication, est pour beaucoup dans cette transformation.

Internet et l’accès aux chaînes de télévision étrangères notamment, ont introduit un nouveau mode de vie à toute une génération de jeunes qui se voient séduits par “la belle vie” menée outre-mer. Pis encore, des jeunes kabyles pourtant aisés et ne manquant de rien dans leur pays ne s’empêchent pas de rêver d’aller vivre sous d’autres cieux en abandonnant tout derrière eux.

Ce n’est pas forcément pour fuir une quelconque misère que l’on tente l’évasion à l’étranger, mais c’est aussi afin de rejoindre ce que les différents séries et films diffusés sur les chaînes satellitaires montrent comme un véritable Éden. Un Éden où tout est permis… absolument tout.

D’ailleurs, force est de remarquer que le nombre d’émigrés a considérablement augmenté ces quelques dernières années. « Je connais des gens qui vivaient comme des rois ici et qui ont tout abandonné pour aller vivre misérablement en France... » remarque un citoyen.

Ceux qui n’ont pas eu “cette chance”, de rejoindre l’outre-mer, tentent ainsi de vivre à l’américaine  » et à « l’européenne » dhi tmurth (au pays). Ce mode de vie « importé » n’est pas fait, toutefois, pour plaire à tout le monde en Kabylie.

Une frange de la société ne se retient pas, pour afficher clairement à travers un autre comportement pas du tout kabyle, son refus par le port du jeans, du T-shirt, ou encore le décolleté par exemple.

Des islamistes intégristes continuent à essayer d’imposer un autre système de vie tout aussi étrange à la région. La Kabyle continue tout de même à résister aux tentations des uns et des autres. Une sorte de conflit a vu ainsi le jour. Pour le moment, la région n’a pas totalement bousculé ni pour l’un ni pour l’autre des deux tendances.

Des voix se lèvent d’ores et déjà pour crier au scandale se demandant où va la Kabylie ?

M.O. B.

 

Merci de respecter notre travail.