Chronique

Suite de la lettre ouverte à Mme Khaola Taleb-Ibrahimi

Vous dites : « on regarde les intellectuels comme étant les empêcheurs de tourner en rond… Le rôle des intellectuels est d’être des alerteurs qui réfléchissent…, pas les gardiens du dogme »

Un sentiment de lassitude s’empare de moi à la lecture de vos déclarations, tellement la réalité des faits est l’exact contraire de vos dires : un divorce total entre le dire et le faire !

Je ne reviendrai pas sur le rôle de gardien du dogme, « révolutionnaire » et islamique, si ce n’est de garde-chiourme de Ahmed Taleb Ibrahimi contre ces intellectuels pour leur interdire justement d’alerter, de réfléchir : exil pour Mohamed Harbi, marginalisation pour Kateb, Mammeri, l’anonymat total pour Mohand Said Lechani (qui est cet inconnu diront certains ?) et Mohand Tazerout et combien d’autres enterrés dans l’oubli de leur vivant ?

Vous dites : « On leur demande d’être des clercs — c’est-à-dire d’être au service du pouvoir. Je ne vois pas cette mission d’un point de vue négatif … »

All well and good ! Parfait ! Je vous vois venir : vous justifiez à posteriori la brillante carrière que votre parent Ahmed Taleb Ibrahimi s’est payée non pas grâce à ses compétences intellectuelles, fort minces, mais à ses manigances et à sa capacité à intriguer, passant de Boukharrouba à Chadli, sans perdre de plumes (comme certains) et voulant continuer avec le FIS : le Front des Insatisfaits Sexuels aurait facilement recyclé ce vieux danseur narcissique qui ne veut pas quitter la scène (de la danse politique) même quand le public ne le réclame pas avec un : One more time !

L’option économique a changé : du « socialisme » au « capitalisme », celui de la rente non de l’entreprise, mais Ahmed Taleb Ibrahimi est resté indéboulonnable, il aura un continuateur, de la même trempe que lui : Abdelhamid Mehri, marié également à une Syrienne et dont le fils fera d’excellentes études en architecture (à l’étranger s’il vous plait !) et pourra vivre royalement en Algérie en raflant tous les projets qu’il peut s’accaparer ! Sus aux architectes formés au pays ! « Vous n’avez qu’à faire taxi clandestin si vous ne trouvez pas de travail ! Il n’y a pas de sot métier ! »

Ahmed Taleb Ibrahimi n’est ni André Malraux (au service de De Gaulle), ni Taha Hussein, les deux ayant fait leurs preuves dans la production intellectuelle et rendu service à leurs pays en tant que ministres (de la Culture et de l’Éducation). Quant à Ahmed Taleb Ibrahimi sa culture, c’est la pensée mythico-religieuse héritée de son père, et qu’il a pu fourguer, par la force des chars qui lui ont permis d’être là où il est à l’ensemble des Algériens qui n’ont rien demandé de tel.

Selon Bernard Lewis, les pays musulmans décolonisés ayant suivi l’option « révolutionnaire–socialisante » ont pratiqué le pire conservatisme culturel et ce pour légitimer leur option économique impopulaire : il suffit de comparer l’Algérie-Libye au Maroc-Tunisie.

Médecin de formation, Ahmed Taleb Ibrahimi aurait pu rester médecin, soigner les malades ? c’est un travail de femelles ! Il lui faut un travail plus viril : commander, régner, exercer la solta. D’authentiques médecins, ont répondu présent à l’appel du devoir : Janine Belkhodja, à Alger et Tunis, Les docteurs Lalliam et sa femme Nefissa Hamoud au maquis avec Amirouche, le docteur Pierre Chaulet avec Abane puis avec le FLN (avant le FLN khobziste), et d’autres encore…

A l’indépendance, aucun ne fut nommé ministre de la Santé : le poste fut occupé par ceux qui savent baisser le saroual, (pantalon) eux continuèrent leur travail dans l’anonymat le plus complet, les Algériens les connaissent à peine, ils vécurent dans l’ombre imposée, Ahmed Taleb Ibrahimi, lui, vécut sous la lumière artificielle du système qui de grenouille, l’a fit bœuf.

Les militaires sont bêtes, réellement bêtes, ils ne savent pas que le vrai pouvoir c’est le contrôle des esprits, Ahmed Taleb Ibrahimi, lui le sait, il ne perdra pas son temps à soigner les corps, mais à « soigner » les esprits, à sa manière…

Reconnaissons qu’il y a plus fort que lui : Sidi Abassi de Sidi Okba, lui, a carrément soutenu brillamment un PH D (Philosophical Doctorate) en sciences de l’éducation en Angleterre : L’Algérie serait devenue un vaste camp de rééducation à ciel ouvert plus successful que ceux de Mao Tsé Tang. Conséquent avec lui-même, Ahmed Taleb Ibrahimi voulut rejoindre le Sidi, il y serait sans peine ministre… on lui pardonnera d’avoir été « socialiste ».

Vous dites « … arriver à des postes de responsabilité, quand bien même ils sont incompétents… plus loin vous ajoutez… il y a certes le rôle de l’école et de l’université… ».

You said the truth, Madam ! vous parlez d’or ! ce que vous dites est vrai et ce à tous les niveaux ! les compétents à l’intérieur du pays sont marginalisés ou poussés à l’exil, ceux qui prospèrent ? les clones de Ahmed Taleb Ibrahimi : Benbouzid, Harroubia (ce dernier sévit à l’Enseignement supérieur avec son intellect inférieur : les chimistes de Bab Ezzour connaissent ce guignol, neveu de l’excellent Messadia… on est en régime dynastique …).

Vous dites : « … les enseignantes ont continué à enseigner malgré les menaces … ».

Grâces leur soient rendues ! certaines furent égorgées devant leurs élèves par des créatures, produit de l’école conçue par l’esprit étroit de votre parent Ahmed Taleb Ibrahimi.

Vous dites « … ces hommes et ces femmes qui se sont battus… »

Vous êtes de mauvaise foi, madame, ceux-là n’ont jamais gouverné ! Ils ont été éliminés pendant la guerre même, et après, ceux qui ont survécu ont été marginalisés par les larbins de la trempe de Ahmed Taleb Ibrahimi et de ses acolytes : place à l’inflation moudjahidale, au professeur de langue arabe Belkhaddem, au maffieux « américain » Khellil, à Bedjaoui… et des Zeghar du temps de la splendeur de Boukharrouba, dont votre parent Ahmed Taleb Ibrahimi est si nostalgique.

Le reste de votre interview ne nous éclaire pas plus que l’article le plus simplet du journaliste le plus amateur : alors qu’on s’attendait de la part d’une universitaire à une étude, un tant soit peu scientifique, solidement appuyée sur la science politique, la sociologie… (il ne vous est pas interdit de lire et de citer d’autres universitaires : Addi Lahouari, Djerbal, Djabi, Harbi, Oussedik… on doit se lire entre collègues, non ? à moins que vous ne soyez contaminée par l’obtuse suffisance et la paresse de Ahmed Taleb Ibrahimi qui se contente de sa propre prose et de celle de son père…) pour éclairer nos esprits, on se retrouve face à un flots de professions de foi à, quelques exceptions près.

Je finis par la petite histoire : notre détenteur de la certification islamo-arabe, violemment anti-fransa, squatte un immeuble luxueux dans les beaux quartiers de… Paris, chez les horribles colonisateurs…, il ne veut même pas aller à la belle Beyrouth où il y aurait bien quelques neveux et nièces qui aimeraient voir leur tonton et l’héberger au cas où… manque d’argent par exemple.

Selon certains, c’est le même immeuble qu’habite une certaine veuve Boukharrouba, baathiste schizophrénique, qui préfère Paris où elle souffrira de parler français (en voilà une qui trahit le « testament » de son boss qui voulait arabiser même les complexes de Skikda et d’El Hadjar…), à Damas ou à Bagdad berceaux du baathisme ! Les mauvaises langues disent que rencontrer l’un ou l’une dans l’ascenseur de l’immeuble, en allant donner des cours particuliers aux enfants de certains habitants français, c’est avoir en face de bien mauvaises manières ! Toujours cette mauvaise éducation, partout !

J’arrête ici, l’article aura une suite.

Kahina Imadghassen

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