Tribune libre

Kabylie virtuelle et Kabylie réelle

Personnellement, je vois deux Kabylies et non une seule.

Il y a la Kabylie de Facebook qui est la Kabylie de la liberté, de la laïcité, de la démocratie et de l’universalité.

Dans la Kabylie de Facebook, on trouve des débats très riches, des débats sur l’indépendance, l’autodétermination, le statut particulier, les stratégies de luttes, la culture, la littérature et beaucoup d’autres choses intéressantes. La Kabylie de Facebook est la Kabylie des militants.

Il y a la Kabylie réelle qui est complètement différente de celle de Facebook, on la trouve archaïque, grégaire, islamiste, conservatrice et tribale.

Dans la Kabylie réelle, les débats portent sur les sachets de lait, l’Aïd et les moutons à sacrifier, les fêtes de mariages, la vie privés des gens, les imams, les mosquées, etc.

Dans la Kabylie réelle, les gens bloquent les routes pour obtenir une goutte d’eau et pour demander aux walis, commis de l’État algérien – qui nous répriment et qui nous écrasent– de nous construire des logements, des stades, des places publiques. La Kabylie réelle n’est pas encore prête à édifier un État pour protéger et assurer les droits sociaux du peuple kabyle. Il n’y a aucune prise de conscience. D’ailleurs, ils ne savent même pas qu’ils forment un peuple. Peuple qui a le droit d’exister et d’édifier un État. Ils ne savent pas que le kabyle est une langue. Ils préfèrent perpétuer leur soumission et se limiter à des revendications sociales.

Au moment où le pouvoir d’Alger accentue la répression sur les militants kabyles, le souci de la Kabylie réelle, est le mouton à égorger pour l’Aïd. Il n’y aucun espoir dans cette Kabylie réelle, elle demeurera soumise. Il faut se concentrer sur la nouvelle génération, sinon l’ancienne est irrécupérable, comme on dit : « personne ne peut changer son père ». Nos ancêtres se sont trompés, nous nous sommes trompés d’ancêtres et nous en payons le prix. Il ne s’agit pas de changer nos ancêtres, mais il s’agit de les remplacer par d’autres.

Certains diront que je suis extrémiste et que je méprise mon peuple. Dites ce que vous voulez, advienne que pourra. Je dis la vérité et je ne mens pas à mon peuple comme le font nos charlatans qui se nourrissent de l’ignorance du peuple pour se faire passer pour des intellectuels.

Y. B. 20/07/2021

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