Chronique

Kabylie et liberté d’expression

Les personnalités publiques, politiques, journalistiques, artistiques et autres, sont sujettes à critique : c’est non seulement normal, mais nécessaire. Nous avons le droit – pour ne pas dire le devoir – de les critiquer, de les remettre en question, ainsi que de leur demander des comptes si des doutes surviennent concernant d’éventuels mensonges ou incohérences. Dans les pays évolués, la satire, la caricature, le pamphlet, ce sont les moyens de haute technicité de la critique. Des outils dont ont même découlé des révolutions. À l’instar des polémistes, il existe des personnes dont le métier consiste précisément à critiquer.

En Kabylie, la critique est encore taboue. Quiconque touche à un personnage politique kabyle se voit automatiquement relégué au rang de traître. Il devient une sorte d’étranger à la tribu. Ce phénomène est symptomatique d’une société en mal de culture. Et pourtant, les Kabyles se vantent de chérir la liberté ! La liberté d’expression devrait dès lors constituer un amendement constitutionnel intouchable, car cette liberté est une nécessité à l’évolution des idées, des systèmes et des mœurs.

En France, il arrive que certains rédigent des livres entiers contre l’un ou l’autre personnage du paysage politique. C’est une normalité. Imaginez, chez nous, un individu sortant un livre fustigeant Sadi… Les foudres des tribus kabyles s’abattraient sur lui, malgré le fait que Sadi ne soit qu’un fourbe sophiste ayant fait de l’ignorance des Kabyles son juteux commerce.

Il est grand temps d’évoluer politiquement, de passer de l’ère de la tribu à celle des tribunes. Vivre la satire, vive la caricature, et vive la liberté d’expression.

Djeff Khenane, 5 juillet 2021

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