Théâtre

TUNDE

À la croisée du documentaire et de la fiction, Tünde [Tyndε], de la dramaturge éponyme, démultiplie les existences possibles à partir des projections fictionnelles que suscite son prénom, avant de remonter le fil de ses racines.

Du 12 au 16 octobre 2022
Texte et mise en scène Tünde Deak
Avec Geoffrey Carey, Florence Janas Scénographie, Marc Lainé Lumière, Kelig Le Bars

Portant un prénom rare, Tünde Deak, l’autrice, a remarqué depuis longtemps que non seulement certains avaient du mal à le prononcer correctement, mais qu’en plus, on pouvait la prendre pour une Finlandaise, une Béninoise, ou une Turque…

Chaque fois, elle s’invente une fiction autour de ces identités projetées par les autres.

Elle a bien tenté un été de prétendre qu’elle s’appelait Léa… Mais elle est revenue affronter son prénom, en inventant pour chaque option, un petit bout d’histoire.

Elle en tire un spectacle très original, teinté de de tendresse et d’humour, où sa recherche des origines se poursuit physiquement sur le plateau. Les lettres de son prénom, très imposantes, se transforment au gré des différentes séquences.

Barrière de timidité, mur sur lequel s’appuyer, balance improvisée ou même lac dans lequel évoluent des crocodiles… Son imagination n’a pas de limite.

La scénographie de Marc Lainé est absolument remarquable et participe intégralement à cette enquête sur les origines. La mise en scène épouse toutes les ambiguïtés des personnages. Père et filles évoluent. Leurs destins se croisent et se décroisent.

Florence Janas, d’une ravissante fraicheur, apporte l’intelligence et l’ingénuité qui colle à la peau de cette jeune fille qui tente de dérouler les fils qui la lient à ce prénom, si particulier hors de la Hongrie. Geoffrey Carey, parfaitement crédible en Hongrois voyageur, cherchant à trouver sa place entre ses trois pays : la France, la Hongrie et le Brésil.

Fort et fragile à la fois, il décline avec finesse toute une palette d’émotions.

Cette enquête est avant tout totalement ludique : Tünde jongle en virtuose entre toutes ses identités. La béninoise est tout aussi crédible que la finlandaise.

Chaloupant entre tous ses pays, hostile à ses origines hongroises au début puis l’acceptant ensuite, Tunde nous incite à partager au plus près ses émotions et ses coups de cœur.

Après ces multiples errances d’une identité à l’autre, elle peut vivre enfin avec les lettres exactes de son prénom. Une très belle aventure, pas du tout anodine… Le prénom choisi pour un enfant véhicule toujours une histoire…

Qu’on le cache -pour détourner les mauvais esprits – ou qu’on l’agite comme un drapeau, on finit souvent par bien vivre avec.

Catherine Belkhodja

Théâtre des quartiers d’Ivry.
Manufacture des Œillets
1 place Pierre Gosnat
94200 Ivry sur Seine

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