Culture

Yannick Magic, magicien

Des étoiles dans les yeux : une vocation précoce.

Un petit garçon de huit ans regarde émerveillé la piste aux étoiles, la célèbre émission de Roger Lanzac Un déclic se produit « quand je serai grand, je serai magicien ! » Ses parents pensent que cela lui passera mais lui offrent quand même des coffrets de magie à chaque Noël. Il s’exerce alors régulièrement avec la même passion.

Un petit poulbot à l’école de la rue.

A dix -huit ans à peine, Yannick Magic, de son vrai nom Yannick Huet, quitte sa Bretagne natale et erre dans les rues de Paris. Le quartier des Halles est alors en pleine effervescence. Saltimbanques, artistes divers rivalisent et tentent de capter le regard des passants. Yannick se lance dans la meute et présente devant la foule ses premiers tours. « L’école de la rue est la meilleure au monde » déclare cet autodidacte.
Doué, le jeune magicien se fait remarquer par le célèbre Bernard Bilis, l’un des piliers[M1]  du « plus grand cabaret du monde ».

Premiers pas au Trebulum.

« Je lui dois tout » se remémore avec tendresse Yannick. « Il m’a permis de jouer à mon premier cabaret au Tribulum, chez Jean-Paul Favand. Actuellement président des arts forains. J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs artistes célèbres qui m’ont fait travailler pour eux ou pour leur famille ; ils m’ont dirigé vers d’autres horizons et j’ai commencé à voyager, à vivre de ma passion et d’en faire un métier. »

Pour réussir 10% de talent et 90% de travail.

Il faut s’exercer sans relâche. Plus on s’entraîne, meilleur on est. La scène, en fait, c’est pour les grandes illusions. La technologie existe dans tous les domaines, partout, même dans l’illusionnisme qui utilise précisément les technologies les plus pointues.
On choisit de jolies partenaires qui servent surtout de faire-valoir, une musique entraînante, un bon jeu de lumières, et de gros objets. La femme coupée en trois, la lévitation, ça ne peut pas se faire n’importe où. L’illusionnisme utilise des objets de grandes dimensions. Il se pratique à au moins une dizaine de mètres de spectateurs. Il faut savoir tricher, leurrer.

De toute façon, être magicien, c’est un terme un peu vague.
Naturellement je ne parle pas des sciences occultes avec de la magie noire, la maléfique, ou blanche, la bienveillante. Chacun opte pour son domaine de prédilection.

Moi, je préfère le naturel : la prestidigitation.

Presti-digi, ça veut dire « doigts habiles ». Pour maîtriser la prestidigitation, il faut être d’abord et surtout un bon manipulateur. Non seulement avec les objets, mais aussi avec la psyché des spectateurs. Elle se fait la plupart du temps avec des micro-objets comme les pièces, les balles ou ce que vous voulez. Dans la manipulation de cartes ou de pièces, il n’y a pas de trucages – pas pour ma part en tout cas–. Je suis largement plus émerveillé par les bons tours de cartes, de ficelle, de cigarette éteinte ou allumée… »

Des processus mentaux et une attention ciblée.

J’associe complètement les spectateurs à mes tours. Je leur explique ce qui va se passer afin de les faire participer et de les faire rire avec des jeux de mots et une gestuelle adaptée aux circonstances. C’est ma manière de les décontracter et de rendre mes spectacles interactifs.
Je détourne leur attention grâce à une gestuelle bien rôdée parallèlement à un discours parfaitement maîtrisé.

Cartomagie : les jeux de carte

Il ne faut pas la confondre avec la cartomancie, à qui on fait appel quand on veut connaître son avenir. La cartomagie est au contraire très stricte. La plupart des tours de cartes sont basés sur les mathématiques. Il faut néanmoins beaucoup d’entraînement pour développer son habileté. Les cartes finissent par s’adapter à vos mains. C’est pourquoi on ne doit pas prêter ses jeux de cartes.

Sans mes cartes, je serais tout nu

« Je n’existerais pas ! » dit-il en riant en et exhibant les jeux de cartes dont il ne se sépare jamais. « des Bicycle, les meilleures cartes du monde, quand on sait les manipuler. Tous les magiciens les utilisent, en principe. »
Il est fier aussi d’assurer la transmission, aux adultes et aux enfants. Avec ses 40 ans de pratique, il a perfectionné sa méthode d’apprentissage. Les enfants doivent avoir au moins 8 ans pour être à l’aise avec les lettres et les chiffres. Naturellement, il exclut pour eux les jeux de pièces ou les manipulations dangereuses avec du feu.

Prestidigitateur et professeur à domicile

Yannick Magic alterne ses spectacles ou performances avec les cours qu’il donne à domicile dans toute l’Île de France. Cours privés en famille ou cours collectifs pour les mairies, les centres aérés, les écoles ou les comités d’entreprise. Pour les tours plus complexes, il organise des forfaits de plusieurs séances. Il s’est adapté aux moyens de communications actuels et se présente sur les réseaux sociaux. Instagram, Facebook, LinkedIn, si bien qu’on peut le contacter très rapidement sur ses pages ou sur son site Yannik Magic.

Une organisation parfaitement huilée et un sens aigu de l’improvisation

Tout doit être réglé comme du papier à musique mais en cas de dérapage quelconque ou “dérive” quelconque il s’adapte très facilement. « Je maîtrise l’imprévu ». Je me renseigne au préalable sur les dimensions de la salle, la disposition des spectateurs, leur nombre, leurs centres d’intérêts, et leur âge, afin de concocter un spectacle sur mesure. Je me rapproche d’eux le plus possible.
S’il y a la moindre surprise ou qu’un tour rate, le spectateur doit penser que tout est fait exprès. On doit donc intégrer le “ratage” dans le concept original.

C’est un métier qui n’est pas très facile car on ne doit jamais cesser de s’entraîner, comme un musicien fait ses gammes. Cependant les trois dernières années ont été particulièrement difficiles pour tous les intermittents du spectacle. C’est pour cette raison que nous avons créé le groupe “Unissons les arts” où nous sommes très solidaires les uns des autres.
Cela crée une synergie très positive entre nous.

Nous devons quitter Yannick qui doit se préparer à l’Espace 7. Les Ambassadeurs du Pérou et de la Colombie ont été naturellement conviés mais les petits comme les grands, n’auront d’yeux que pour Yannick Magic. …Malgré la splendide exposition proposée autour des arts de Colombie et du Pérou par son manager Thierry Singer de Polignac Spencer, c’est toujours le magicien qui fascine la foule et il demeure, comme il le souhaitait enfant, le clou du spectacle.

Catherine Belkhodja


Merci de respecter notre travail.