Chronique

Pourquoi la Russie a-t-elle envahi l’Ukraine ?

Depuis le 24 février, jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nous avons constaté des prises de positions aberrantes des citoyens de pays sous-développés, y compris des Kabyles et de leurs leaders qu’on croyait politisés, avisés, et immunisés contre une certaine propagande pourtant connue en Algérie.

Dans cet article, je vais me concentrer exclusivement sur le point de vue kabyle.

Ma plus grande erreur est d’avoir cru que la majorité des Kabyles allait soutenir l’agressé contre l’agresseur. À ma grande désillusion et immense déception, j’ai constaté que même les Kabyles, les plus en vue pour les droits fondamentaux du peuple kabyle, trouvent des excuses et des circonstances atténuantes à Vladimir Poutine pour agression contre l’Ukraine. Ce sont ces mêmes leaders, –qui ne cessent de faire des appels du pied à l’ONU pour la reconnaissance des droits de la Kabylie à son autodétermination–, qui nous demandent de comprendre la justesse du viol, par la Russie de Poutine, des droits de l’Ukraine à son intégrité territoriale reconnue par l’ONU.

Les subterfuges russes sont devenus les arguments de certains Kabyles.

Le Donbass

Le Donbass est le dernier des territoires russophones à être occupé par l’armée russe dans les ex-républiques soviétiques. En Moldavie, la Transnistrie est occupée par l’armée russe. En Géorgie, depuis la guerre russo-géorgienne de 2008, deux territoires géorgiens, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud sont occupés par la Russie.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), après avoir constaté les fautes et les violations incessantes du cessez-le-feu dans les régions de Louhansk et Donetsk a donné son soutien à l’Ukraine.

Après la décision du président russe de reconnaître l’indépendance des régions séparatistes de l’Est de l’Ukraine, ce qui fragilise l’objectif de l’OSCE, celle-ci a tenu ce mardi une réunion extraordinaire de ses représentants permanents.

La reconnaissance par la Russie “de certaines parties des régions de Donetsk et de Louhansk va « à l’encontre des engagements de l’OSCE ainsi que des accords de Minsk », a déclaré dans un communiqué la Pologne, qui assure actuellement la présidence tournante de l’organisme, dont le siège est installé à Vienne en Autriche.

Selon la présidence polonaise « Cela compromet la participation de l’Organisation à un règlement pacifique du conflit ».

Le Conseil permanent de l’organisation a réitéré son soutien à Kiev, lors de cette réunion (Ouest France et AFP le23/02/2022)

En somme, il n’y a eu ni massacre des Russes par les Ukrainiens, ni charniers comme l’a prétendu la Russie.

L’OTAN

L’OTAN est une organisation défensive et le prouver n’est vraiment pas difficile. Si l’OTAN avait voulu faire un quelconque mal à la Russie, elle aurait agi, juste après le 26 décembre 1991, au lendemain du départ de Mikhaïl Gorbatchev. C’est ce jour-là que l’URSS s’est effondrée. Au contraire ! L’histoire nous raconte que non seulement l’OTAN n’a rien fait pour nuire à la Russie, mais que beaucoup de ses membres se sont portés à son secours avec des aides économiques non-négligeables. C’était la période où la Russie était KO, groggy et complètement inoffensive.

Pourquoi avoir attendu 30 ans et donné à la Russie le temps de se ressaisir, de se reconstruire pour lui faire du mal ?

C’est par la connaissance de la Russie et de ses visées que les pays de l’EST ont opté pour une adhésion à l’OTAN et l’histoire leur a donné raison. Pourquoi la Russie ne s’est-elle pas attaquée aux pays baltes ? Eh bien la réponse est simple. L’article 5 de l’OTAN fait très peur à Vladimir Poutine. Il sait que s’il s’attaque à un pays de l’OTAN, c’est toute la force de l’organisation qui lui tombera dessus. C’est pour cela qu’il s’est contenté de s’attaquer à la Géorgie et à l’Ukraine qui ne sont pas membres de l’OTAN. Dans mon monde, c’est la forme de lâcheté qui caractérise les despotes comme Poutine. Bien que beaucoup de pays de l’Est devinrent membres de l’OTAN, il n’y avait pas de troupes de l’organisation dans ces pays. Ce n’est qu’en 2016, après l’annexion illégale de la Crimée par la Russie que l’OTAN décida de renforcer la défense de son flanc Est.

Pour ceux qui doutent, le chemin de Poutine est parsemé de crimes de guerre : Grozny, Géorgie, Alep en Syrie, Ukraine. Est-il utile de rappeler tous les emprisonnements, les assassinats et les empoisonnements de ses opposants politique ?

Selon Poutine, il faut dénazifier l’Ukraine

C’est l’argument le plus sournois que Poutine a pondu. Quand on regarde les soutiens de Poutine à l’extérieur de la Russie, on se rend compte de la supercherie. Quels sont les soutiens de Poutine à l’étranger ?

Ils s’appellent Marine le Pen, Éric Zemmour, Thierry Mariani, Viktor Urban, Donald Trump, Jair Bolsonaro, et toute l’extrême-droite mondiale.

Aux dernières élections en Ukraine, l’extrême-droite n’a obtenu que 1,6% des suffrages exprimés. Comment dénazifier un pays qui a élu, à plus de 70%, un président juif ! 

C’est se foutre de la gueule du monde.

Les vraies raisons d’invasion de l’Ukraine.

Jamais l’URSS n’a été aussi dangereuse pour la paix dans le monde comme l’est la Russie de Poutine depuis son avènement au pouvoir. Le crime terroriste orchestré par le FSB, dont Poutine est issu, est révélateur de la nature-même de l’ex-espion du KGB.

Roublard et despote accompli, Poutine n’a pas peur de l’OTAN. Le subterfuge OTAN et même EU est destiné à la consommation locale russe qui vit un blackout médiatique similaire à celui que subissent les Algériens. 

Ce qui a fait flipper Poutine, c’est le risque pour lui et son régime de kleptocrates, d’avoir à ses portes une Ukraine qui se développe dans une démocratie et une liberté qui donneraient des idées et des envies au peuple russes. Ça, Poutine ne l’acceptera jamais. Une Ukraine qui prospère au sein de l’Union Européenne n’est pas du tout un danger pour la Russie, mais pour le régime de Poutine, elle représente une menace avérée.

C’est d’ailleurs pour cette raison que l’armée russe a bombardé toutes les infrastructures civiles du pays : usines, immeubles d’habitations, écoles, hôpitaux, aéroports. Tout ce qui était susceptible d’aider l’Ukraine à décoller est visé par les chars, les avions de combat, l’artillerie et les missiles de l’armée russe. Poutine n’a pas envahi l’Ukraine pour défendre les russophones du Donbass, mais pour détruire le pays.

Au lieu de prendre fait et cause pour ce vaillant peuple, attaqué par un voisin nettement plus fort, qui se bat avec courage et détermination pour se défendre, un bon nombre de militants kabyles soutiennent le despotisme russe tout en faisant semblant de le combattre chez eux. Certains, surtout les consommateurs du prêt-à-penser sont restés suspendus aux lèvres du chef à attendre son verdict. Une fois rendu, il devient loi et gare à celle ou à celui qui ose contredire ces paroles devenues un mot d’ordre.

La Kabylie a raté une chance inouïe d’internationaliser sa cause. Faire des analyses à l’emporte-pièce ne fait pas de vous un fin politicien, car subitement, la Kabylie a été arrimée à la même position que le régime algérien dans ce conflit.

L’Algérie s’est abstenue au vote de l’Assemblée Générale pour condamner l’invasion russe, et a voté contre son exclusion du Conseil des Droits de l’Homme.

Il faut que les militants kabyles se ressaisissent pendant qu’il est encore temps. Il faut qu’ils comprennent que le combat de l’Ukraine doit être le leur, car l’Histoire n’oublie pas et elle est impardonnable. Soutenir ou trouver des excuses pour un despote, devenu criminel de guerre, n’est pas une option pour la Kabylie.

Envahir et détruire un voisin, qui ne représente aucune menace, ressemble à ce que Hitler a fait durant la seconde guerre mondiale (les médias russes racontent aux Russes que l’Ukraine se préparait à envahir la Russie).

Vive l’Ukraine libre !

Juba Ourad, 11/04/2022, pour Kabyles.net

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