Chronique

Jadis, je respectais mon professeur

Il fut un temps, quand nous étions écoliers, où le professeur suscitait en nous une crainte, plutôt du respect. Le professeur était pour nous une autorité. Un deuxième père. Nous agissions et nous nous tenions correctement car nous avions peur de le décevoir, peur également d’être punis. Jusqu’à aujourd’hui, je respecte toujours autant ces professeurs qui m’ont tenu la main sur le chemin de l’éducation et de l’apprentissage.

De nos jours, dans les écoles primaires et dans les universités, les comportements sont voyous. Les professeurs ont perdu leur autorité et sont devenus des souffre-douleurs, les punching-balls des élèves et des étudiants.

À l’université, j’étais choqué de voir que les étudiants pouvaient se lever et sortir de la salle pour passer un coup de fil, sans même demander la permission. Cet exemple n’est rien face aux insultes et aux autres comportements violents que subissent les professeurs dans les universités. Cela est devenu d’une telle une banalité que personne ne s’en plaint. Imaginez à quel point c’est dur pour une femme d’exercer dans cet environnement hostile. Comment ne pas craquer comme Isabelle Adjani dans la journée de la jupe ? À vrai dire, le comportement de certains étudiants me fait penser aux racailles des banlieues françaises.

Si on analyse profondément notre société, on se rend compte que nous sommes une pâle copie de la société française contemporaine.

Il y a quelques mois, j’ai essayé d’expliquer dans un écrit comment la langue peut influencer les sociétés. C’est la langue qui construit la pensée et non l’inverse, affirment les psycholinguistes. Ce que je veux vous faire comprendre, c’est que notre société est beaucoup plus influencée par Mai 68 que par le printemps kabyle. Nous sommes influencés par les valeurs françaises d’aujourd’hui. Ces valeurs funestes et morbides. « Il est interdit d’interdire », c’est ce genre de valeur qui a fait de nos enfants des mutants. L’autorité, la discipline et l’ordre sont du fascisme, dit la pensée française moderne. Alors que sans l’autorité et l’ordre, on ne peut construire que du NÉANT. Si un professeur n’exerce pas la force de l’autorité sur ses élèves, s’il se conduit avec eux en ami… il sera écrasé par ces derniers. Ou voir un de ses élèves débouler et le menacer, un pistolet à la main, comme cela s’est passé il y’a quelques semaines en France.

Réveillez-nous. Les valeurs françaises de modernité sont les piliers de l’anomie, du chaos.

Djeff Khenane, 13 novembre 2018

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